samedi 13 octobre 2018

"Claire"

 Nous sommes au 100 ème jour de mer et nous nous approchons tranquillement de la longitude du Cap Leeuwin, au sud est de l’Australie, deuxième grande étape du parcours. Je pense y arriver dans une dizaine de jours. En attendant, Chanik et moi progressons assez bien en ce moment. Je profite d’un bon vent portant qui souffle entre 20 et 30 noeuds et la mer qui va avec. Ce qui nous fait beaucoup rouler. Tout va bien à bord avec un peu de bricolage quand même : je suis en train de réparer le support du vérin hydraulique de « Laurent », mon deuxième pilote automatique. Il a lâché il y a 3 jours. Démontage, ponçage, grattage, sciage, stratification ... de quoi bien s’occuper dans des conditions un peu rock’n roll ! Remontage du support prévu dès que la mer se sera calmée. En ce moment nous subissons une houle de 4 mètres. Voilà pour les nouvelles du jour ... Et sinon, quel peut bien être le quotidien d’un marin de La Longue Route ? Bien entendu son objectif principal est de faire avancer son bateau au mieux pour boucler cet énorme parcours.Navigation, analyse météo, routage et réglages des voiles permettent tout cela. Mais pour le reste, ça se passe comment ? Comment vit-on en mer, tout seul lorsque l’on part réaliser un parcours aussi long ? Excellente question ! Le grand principe, en fait, est d’arriver à rester en autonomie complète dans tous les domaines. En plus de devoir faire face aux problèmes techniques, le bonhomme doit aussi gérer tout seul son alimentation, son sommeil, sa santé, ses craintes, son moral et aussi ses loisirs. Les besoins en eau et en énergie sont des domaines qu’il faut avoir anticipés.
 Pour répondre directement à une question de Serge, j’ai décidé aujourd’hui de vous parler de la gestion de l’eau à bord. Vaste sujet car si nous avons tous les mêmes besoins, chacun des participants à La Longue Route gère cette question de façon différente. Il nous faut boire, faire la cuisine et éventuellement nous laver. Serge énumérait les besoins d’un homme à terre : « ... j'ai calculé que par jour il faut boire 1,5l + la cuisine 0.5l + la toilette 3l ça fait 5l minimum par jour. Ça fait peu, ça serait plus 10l par jour. Mais vu le contexte je t'accorde 7l/jour. En prévision de 300j de mer il t'a fallu embarquer 2100 l. Et là je suis perplexe ... ». Effectivement il y a de quoi l’être. Impossible d’embarquer autant d’eau sur nos petits voiliers. Il y a la solution évidente d’utiliser un « déssalinisateur ». Dans le nautisme, il y en a maintenant de très bons qui savent produire 4 à 5 litres d’eau douce à l’heure à partir de l’eau de mer. Ce système est basé sur le principe de l’osmose. Certains d’entre nous en sont équipés. C’est toutefois une installation complexe, coûteuse et gourmande en énergie. Et c’est pour toutes ces raisons que j’ai décidé de ne pas m’en équiper. Il faut donc faire autrement mais surtout faire déjà très attention à sa consommation et éviter le gaspillage. J’ai prévu d’utiliser 3 litres d’eau douce par jour, tous besoins confondus. Ce qui représente 900 litres pour 300 jours de mer. A bord, je dispose de 300 litres dans mes cuves et j’ai embarqué 300 litres d’eau minérale en bonbonne. Ce qui fait un total de 600 litres disponibles à bord au départ. Il me manque donc 300 litres que je compte récupérer avec la pluie. Avant le départ, je me suis confectionné une bâche spéciale qui me permet cela. J’ai d’ailleurs surnommé mon installation « Claire » ... comme "à la claire fontaine"...! Bref ! Je ne vous cache pas que l’utilisation de ce système est un peu compliquée surtout quand il y a beaucoup de vent comme en ce moment. Le rendement n’est pas très bon et il faut accepter d’aller se faire tremper pour l’utiliser ... On ne parle ici que de l’eau douce. Heureusement, on dispose d’eau de mer à profusion. Ce qui permet de faire fonctionner les toilettes, de faire la vaisselle et de l’utiliser aussi un peu en cuisine. Je vous parlerai, une autre fois de la gestion de l’énergie ...

4 commentaires:

  1. Effectivement, 3l c'est plus que très peu mais le contexte impose cette restriction. Par ailleurs c'est un bon sujet qui doit sensibiliser tous les citoyens de la terre. La gestion de l'eau par un Navigateur montre ce en quoi on peut réduire sa consommation. C'est intéressant de le communiquer. Et moi avec ma piscine, je vais arrêter de m'étendre sur le sujet. Il ne s'agit pas de se culpabiliser mais de prendre conscience des bons gestes que l'on peut adopter par respect de notre planète et des peuples qui peuvent en souffrir.

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  2. hello Captain. Super intéressant ton point sur l'eau. As tu déjà testé Claire? As tu des contacts avec les autres navigateurs de la course et croises tu d'autres navires? Fais nous encore rêver. On est avec toi. Bises. Michel

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  3. Bravo Fanch pour ce centième jour de mer
    Bientôt le deux CAP
    Toute l’ACHP t’apporte Son soutien
    De Ste Maxime, je t’aurais bien envoyer un peu d’eau car on en a reçu
    Plein la gueule
    Amitiés Cap hornieres
    Jacques

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  4. "Claire ma Secrétaire..." une chanson d'Henri Salvador que les moins de 50 ans ne peuvent pas connaître. Un peu macho mais à la fin quand même ils se marient ! Toi aussi je suis sur que tu en prends en bien soin.
    A Sète, on est plutôt gâtés question eau de pluie en ce moment il y a des inondations un peu partout.
    Luna Blu devait partir de Tanger pour les Canaries ce lundi matin, après la fin du passage d'une tempète tropicale.

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