Certaines journées sont particulièrement agitées comme je le décrivais précédemment. Les prévisions météo maintes fois analysées nous laissent au final face à l'évidence: le mauvais temps est là. La vie à bord devient vite un enfer et nous passons alors en mode survie. Les vagues déferlent et viennent s'éclater sur la coque dans un vacarme assourdissant. On a l'impression dans ces moments là de subir des coups de boutoir. Malgré une assez bonne étanchéité, l'eau arrive quand même à rentrer. Les cales se remplissent doucement et tout devient humide à bord. Le froid s'installe, il ne reste plus qu'à enfiler des couches de vêtements les unes sur les autres pour éviter d'attraper la mort. Là, tout est bon, même la bouillotte offerte par ma Galy avant le départ devient un délice! L'angoisse monte et il n'y a plus qu'à espérer que le mauvais temps s'estompe bientôt pour retrouver une « vie normale ».
En revanche, il arrive aussi souvent de bénéficier de magnifiques moments de plénitude, de ceux que nous sommes venus chercher, où tout est un vrai régal à vivre. Dès l'aube les couleurs s'annoncent douces, le ciel dégagé laisse passer un soleil radieux et la température vient avoisiner les 20°C. On peut passer des heures assis dehors dans le cockpit à regarder inlassablement le vol des albatros, des pétrels et autres puffins. Ils dessinent des arabesques dans le ciel et planent au ras des vagues sans jamais bouger leurs ailes. Comment ne pas se laisser subjuguer par un tel spectacle ? On peut aussi s'installer dehors pour lire au soleil le roman du jour. C'est alors le moment de tout ouvrir pour laisser rentrer le bon air, aérer et faire disparaitre les traces d'humidité qui commençaient à perler sur les hublots. Les vêtement sont sortis pour une séance de séchage au naturel, comme à la maison. Opérations d'ailleurs souvent vaines car une fois que les vêtements ont pris l'eau de mer ils n'arrivent plus vraiment à sécher. Mais ce n'est pas grave car cette ambiance presque tropicale, en tous les cas surréaliste, laissent entrevoir les prémices du bonheur ! Et le soir arrive sans bruit. Il nous offre le plus beau des couchers de soleil pour clore cette journée de rêve ...
Entre les deux il y a les autres jours. Ces journées où la seule réelle préoccupation est de faire avancer le bateau dans les meilleures conditions possibles de sécurité en fonction de la météo qui s'offre à vous. Même si le vent peut se mettre parfois à tomber, la mer, elle, reste toujours agitée et un grain peut survenir n'importe quand. Cela vous apprend à ne jamais mettre toute la toile pour pouvoir étaler les bourrasques si besoin. Cet Océan Indien est un terrain de jeu très sportif qui demande une attention de tous les instants. Il abrite, en l'occurence les TAAF (Terres Australes et Antarctiques Françaises), comme par exemple Kerguelen, Crozet, Amsterdam, qu'on surnomme volontiers les « îles de la désolation » ... !
Une pensée toute particulière pour Abhilash Tomy, concurrent de la GGR, blessé et coincé au fond de son bateau démâté après s'être retourné. Il attend les secours qui devraient arriver d'ici deux ou trois jours.
C'est étonnant d'être si loin et de suivre ton aventure, avec ses hauts et ses bas, presque en direct.
RépondreSupprimerSandrine et Jean-Luc sont partis de Sète lundi et aujourd'hui ils naviguent dans les eaux tièdes des Baléares !
Tiens bon mon grand frére .Je te suis et je suis avec toi.Tous ces details impressionnants me "medusent"😉.Ta petite soeur
RépondreSupprimerC'est passionnant de te lire François. Tu es loin mais seul.
RépondreSupprimerQuelle aventure! Bon courage! Tiens bon et continue à ne pas prendre trop de risque! Merci pour tous ces partages! Bises
RépondreSupprimerBeaucoup de pensées pour toi. Pour ton prochain tour prends le temps de t’arreter Dans ces merveilleuses îles du Sud Pacifique. Nous venons de quitter les Vanuatu pour la nouvelle Calédonie. Je ne retrouve pas ton mail satellite. Peux tu. Me le renvoyer. Daniel de VSF
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